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Réouverture de la ligne ferroviaire de l'Aubrac grâce à la modernisation de la partie cantalienne

Ce samedi 9 novembre 2024, au départ de Béziers (34), l'Association Les Amis du Viaduc de Garabit -AMIGA- était à l'initiative d'un train événementiel sur la totalité de la ligne des Causses.

Réouverture de la ligne ferroviaire de l'Aubrac grâce à la modernisation de la partie cantalienne

En partenariat avec la région Occitanie, ce train célèbrait la réouverture de la ligne entre Saint-Chély-d'Apcher (48) et Neussargues (15).

Cette unique ligne ferroviaire longitudinale et structurante pour le Massif Central est enfin modernisée et la ligne de l'Aubrac a donc à nouveau circulé sur le mythique viaduc de Garabit.

Pour l'Association des Amis du Viaduc de Garabit, un train événementiel en écho aux grands enjeux de mobilité sur les territoires

Au 19e siècle, Napoléon III avait doté la France d'un système ferroviaire circulant jusque dans les départements les plus éloignés de la capitale. Ce maillage va donner lieu à la construction de nombre d'ouvrages d'art, en pierre ou en métal, qui vont ouvrir au monde des territoires très ruraux.

Dans les années 1970, le transport des marchandises par le rail représentait 70% des volumes, trafic qui progressivement sera reporté par l'Etat vers la route, ce qui donnera lieu à la construction du réseau autoroutier français et à l'amélioration du plus grand nombre d'accès routiers.

Le coût de l'entretien des voies, alors supporté entre fret et voyageurs, ne va plus être supporté que par ces derniers, générant des recettes naturellement insuffisantes.

Va s'ensuivre un lent désengagement de l'Etat quant à l'entretien des voies, qu'il s'agisse d'entretien courant (simples tâches de maintenance ou en réaction à des incidents) ou de régénérations profondes, quand l'infrastructure est en fin de vie.

Sur cette ligne des Causses, une première remise à neuf a été réalisée dans les années 80 entre Séverac-le-Château et Campagnac. Entre Loubaresse et Saint-Chély-d'Apcher et entre Millau et Aguessac, un important renouvellement a ensuite été effectué dans les années 2000, mais sans aucun autre chantier entamé durant les 10 années qui vont suivre.

Cette carence, la région Occitanie va la prendre à bras le corps et initier des chantiers de maintenance lourde sur le périmètre la concernant.

Sur la partie nord, cantalienne, après le déraillement de 2005 à Andelat, il n'y a eu que des chantiers « en réaction » aux incidents. 25 kms étaient à refaire intégralement. La portion entre Saint-Chély et Neussargues est désormais renouvelée dans son intégralité. Elle était prioritaire en termes de régénération, car c'est celle qui est le plus sollicitée eu égard aux trains de marchandises, très lourds, qui desservent l'usine Arcelor Mittal de Saint-Chély.

À l'heure où la France a fixé dans son schéma économique la réindustrialisation du pays, la réappropriation des moyens de transport cohérents avec les engagements en matière de mobilités respectueuses de l'environnement laisse penser que la rénovation de ce réseau ferroviaire est une priorité.

De même, le vieillissement de la population, les attentes de nouveaux usages de déplacement par les jeunes générations, la baisse de pouvoir d'achat généralisée, tout conduit à la nécessité du maintien de ces lignes ferroviaires desservant des territoires si éloignés des métropoles. C'est le combat que porte l'Association des Amis du Viaduc de Garabit depuis sa création par Patricia Rochès, présidente fondatrice, élue locale depuis 25 ans connaissant bien la problématique des territoires ruraux qui ont du mal à se faire entendre à Paris... et les autres membres ; en étant, force de proposition ; en sensibilisant les pouvoirs publics régionaux et nationaux ; en impulsant une dynamique collective sur les territoires longeant cette ligne structurante du Massif central ; en portant la parole de celles et ceux qui ont un sentiment d'abandon total de la part des arcanes parisiens ; en initiant des événements de sensibilisation tels que ce train du 9 novembre ; en ayant à cœur de faire preuve d'exemplarité pour d'autres régions, tout aussi impactées par l'absence croissante d'options pour se déplacer.

L'intervention de Patricia Rochès, Présidente de l'association des Amis du Viaduc de Garabit et élue locale depuis 2001, maire de Coren-les-Eaux (15), trésorière adjointe de l'Association départementale Cantal des maires de France, lors de l'arrivée en gare de Neussargues

"Tous nos remerciements à la région Occitanie et à Monsieur le Vice-président Jean-Luc Gibelin pour son soutien indéfectible. Un grand merci également aux nombreux partenaires publics et privés qui ont répondu présents pour ce train spécial. Merci à monsieur le maire de Neussargues et à Hautes-terres Communauté de nous accueillir aujourd'hui. L'occasion de remercier aussi tous mes collègues élus qui se sont mobilisés et ont permis de remettre 200 motions au Ministère des transports pour signifier l'importance de cette ligne d'Etat au gouvernement, soit plus de 2000 élus mobilisés tout le long de la ligne dont plus de 80 dans le Cantal tels que le Conseil Départemental du Cantal, Saint-Flour communauté et la ville de Saint-Flour ; sans oublier la mairie de Paris."

Déjà le 3ème train évènementiel en partenariat avec la région Occitanie et, toujours, avec le même succès, 220 places réservées en à peine une journée.

Rappelons que l'objectif de ce train reste de célébrer une très bonne nouvelle : la modernisation du tronçon Saint-Chély-d'Apcher/Neussargues. 43 millions d'euros de travaux réalisés entre mars et octobre de cette année. La ligne va vivre !

Cette ligne qui symbolise le lien entre les grands centres urbains et la France des faibles densités.

OUI elle est un symbole, peut-être même LE symbole des lignes d'équilibre du territoire qui doivent continuer à irriguer nos départements ruraux.

Aujourd'hui, alors que le phénomène de métropolisation continue de s'aggraver, créant des désordres importants liés à la concentration des populations, nos campagnes ont besoin, plus que jamais, d'être accessibles. Avec les nouvelles technologies, elles peuvent séduire de nouveaux habitants. En revanche, bien que l'on puisse travailler à distance, les professionnels ont aussi besoin d'avoir un accès facilité aux grands centres urbains.

Le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire, le Cantal, la Lozère, l'Aveyron ont dû se résigner à ne pas avoir arriver la grande vitesse. En revanche, nous demandons à l'Etat de continuer à irriguer nos départements en train.

Aussi, nous voyons cette action de rénovation prise par nos décideurs nationaux comme le signal de la volonté de l'Etat de ne pas abandonner nos zones rurales. Cette ligne, qui traverse toute la France via le Massif central, est le symbole de ce que doit être l'égalité d'accès au train. Sa force est aussi de posséder le plus extraordinaire des ouvrages d'art, chef-d'œuvre de Gustave Eiffel et Léon Boyer. Ce monument sera bientôt, nous l'espérons, classé au Patrimoine Mondial de l'humanité.

Utile pour les voyageurs avec des atouts touristiques incroyables, cette ligne représente aussi une nécessité pour le fret, vitale pour le nord Lozère.

L'Aubrac a tous les atouts. En plus du fret, c'est un train d'équilibre du territoire, nécessaire aux populations. C'est aussi un outil de développement touristique incroyable. Cette ligne a été élue -à 2 reprises- parmi les 6 plus belles d'Europe par le magazine The Guardian.

Oui, bien sûr, il reste beaucoup à faire. Alors, l'Association des Amis du Viaduc de Garabit a encore du pain sur la planche. J'invite toutes les collectivités, tous les particuliers, à adhérer à notre association. Plus nous serons nombreux, plus nous aurons de chance de voir notre message entendu."

Prochain objectif pour l'association des Amis du Viaduc de Garabit ?

Rester mobilisés et fédérés, car deux investissements majeurs restent à réaliser dans les mois à venir. Les 60 kms entre Saint-Chély et Campagnac, comportant quelques parties de rails « double champignon », nécessitent un rapide RVB -Renouvellement Voie et Ballast. Ce chantier pourrait représenter un investissement important. Quant à ce superbe Viaduc de Garabit, il est évoqué la somme de 35 millions d'euros pour les travaux de remise en peinture, qui deviennent urgents, et indispensables à la préservation de la structure métallique en fer puddlé.

La ligne des Causses (Béziers-Millau) vue du train


La ligne des Causses a pour origine, en 1858, un chemin de fer créé pour le transport du charbon entre Graissessac et la grande ligne Bordeaux-Sète à Béziers. Il a nécessité la construction de 11 tunnels et 3 viaducs, dont celui de Bédarieux, long de 713 mètres et aujourd'hui inutilisé.

Ensuite, dans le cadre d'une liaison entre Montpellier et Rodez, la ligne est prolongée en 1872 de la Tour-sur-Orb au Bousquet-d'Orb, puis à Millau en 1874. Il faudra attendre 1880 pour atteindre Séverac-le-Château et Rodez. Le tronçon Séverac-le-Château/Neussargues ne sera achevé qu'en 1888.

Depuis 1932, la ligne, longue de 277 km est entièrement électrifiée.

Véritable chemin de fer de montagne, la ligne Béziers/Neussargues, d'orientation sud-nord, a la particularité de traverser plusieurs vallées du Massif Central souvent encaissées : l'Orb dans sa partie haute, la sorgues, le Tarn, l'Aveyron près de sa source, le Lot et la Truyère pour terminer au bord de l'Alagnon. Ceci explique son profil en long en dents de scies avec de longues et très fortes rampes atteignant 33°/°° (1).

La technologie des locomotives des années 1870 ne permettait de hisser les trains lourds sur les rampes sévères qu'à l'aide de locomotives de pousse. De Béziers à Millau, le dénivelé est de 361 mètres. Mais la ligne doit franchir cinq rampes cumulant 870 mètres de dénivelé. Au nord de Joncels, une longue rampe de 8,5 km permet de monter de 241 mètres pour atteindre la gare des Cabrils, plus haute gare de l'Hérault à 525 mètres d'altitude. La traversée de l'Ord, à Ceilhes-Roqueredonde(2) marque l'entrée dans l'Aveyron. Le tunnel de Saint-Sixt se situe sous la ligne de partage des eaux entre les bassins méditerranéen et atlantique. La gare aujourd'hui disparue de Lauglanet, à 609 mètres d'altitude, est le point culminant de la ligne entre Béziers et Millau. La gare de Tournemire-Roquefort était le départ des lignes de Saint-Affrique et du Vigan.

En 1884, pour faciliter le raccordement à la transversale reliant Montauban et Castres à Bédarieux, la ligne fut déviée entre le tunnel de Pétafy et l'extrémité nord du viaduc de Bédarieux(3). Une nouvelle gare fut construite sur un emplacement permettant de recevoir les astes installations, dont un dépôt de locomotives.

La gare de Bédarieux a été équipée en 1903 d'une halle métallique érigée par l'entreprise Daydé et Pillé sur le modèle de celle de Bordeaux-Saint-Jean.

1.En langage ferroviaire, une rampe monte et une pente descend. 33°/°° (33 pour 1000) correspond à 3,3 %. Ce pourcentage, exceptionnel pour le chemin de fer, permet un dénivelé de 100 mètres en 3 kms.

2. Les gares des Cabrils et de Ceilhes-Roqueredonde sont toutes les deux sur le territoire de la commune de Roqueredonde. Ce que fait de cette dernière l'une des plus petites communes de France avec deux gares.

3. Le nouveau tracé allonge le parcours de 1,7 km. Pour la petite histoire, afin de ne pas déplacer les poteaux électriques, le km 477 mesure 2,7 km.

La ligne des Causses (Millau-Neussargues) vue du train

La ligne des Causses s'est construite en trois temps. Tout d'abord en 1858, le chemin de fer de Graissessac à Béziers pour l'acheminement du charbon jusqu'à la grande ligne reliant Bordeaux à Sète. Ensuite, dans le cadre d'une liaison Montpellier-Rodez, la ligne est prolongée par la Compagnie du Midi de la Tour-sur-Orb à Millau (1872-1874) puis Séverac-le-Château (1880). La partie nord, entre Séverac-le-Château et Neussargues sera mise en service entre 1883 et 1888. La ligne des Causses offre alors la « distance courte(1) » qui aura une grande importance pour l'acheminement des vins du Languedoc jusqu'à la région parisienne.

Depuis 1932, la ligne, longue de 277 km, est entièrement électrifiée.

Véritable chemin de fer de montagne, de Millau à Neussargues, le dénivelé est de 430 mètres, mais la ligne doit franchir plusieurs rampes cumulant près de 1347 mètres de dénivellation. Entre Aguessac et Engayresque, le dénivelé est de 467 mètres en 15 km.

Le dénivelé absolu entre Béziers et le faîte d'Arcomie (1056 m) est de 1039 mètres, la voie serpentant à plus de 1000 mètres d'altitude sur 25 km. De plus, le tracé est très sinueux avec des courbes d'un rayon minimum de 300 m. les grands ouvrages d'art (souterrains et viaducs) sont donc nombreux, dont le mythique Viaduc de Garabit(2).

Sur 70 km, de Millau à Saint-Laurent-d'Olt et du Monastier à Saint-Saveur-de-Peyre, la caténaire est suspendue aux célèbres ogives Midi très caractéristiques.

1. En présence de plusieurs voies concurrentes pour acheminer les marchandises, une convention de 1863 entre les compagnies du Midi, du PO et du PLM stipulait que le trafic appartenait à l'itinéraire le plus court. En cas de détournement, la compagnie qui possédait la « distance courte » devait être indemnisée.

2. L'ingénieur des Ponots et Chaussées, Léon Boyer, né à Florac en 1851, fut chargé du service des études et travaux du tronçons Séverac-Neussargues en qualité d'ingénieur ordinaire. On lui doit plusieurs viaducs, en particulier celui de Garabit et de l'Enfer. En 1885, après l'achèvement du Garabit, il est nommé directeur général des travaux du canal de Panama où il décèdera de la fièvre jaune en 1886.


www.amisgarabit.com

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