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SNCF News
Quel sera le système ferroviaire de demain ?
Autonome, connecté et zéro émission… Le train du futur se construit dès aujourd’hui. Directrice du programme Tech4Rail, notre accélérateur d’innovations, Corinne Talotte revient sur ces différentes avancées technologiques, synonymes d’une mobilité toujours plus durable.
Pourquoi avoir lancé le programme Tech4Rail en 2016 ?
Renforcer le service aux clients en boostant la performance, la fiabilité, la sécurité, la résilience et la compétitivité économique du système ferroviaire tout en valorisant les atouts écologiques du train sont des enjeux majeurs pour l’innovation. Afin d’accélérer l’innovation de l’idée jusqu’à la préparation, nous avons ainsi déployé une méthodologie en quatre temps.
Quelles sont ces quatre étapes de développement ?
Identifier des technologies émergentes pouvant être mises au service de la compétitivité du ferroviaire ; croiser lesdites technologies avec nos usages afin de prioriser les projets de valeur et se concentrer sur leur développement. Co-construire avec des partenaires internes et externes et mener ces projets sous forme de consortiums, qui fédèrent des acteurs du monde ferroviaire et d’autres acteurs issus de secteurs particulièrement innovants, tels la défense, l’automobile ou le spatial. Quatrième élément fort de notre ADN : démontrer le plus vite possible sur le terrain la pertinence de la solution au travers de démonstrateurs échelle 1.
Comme c’est le cas aujourd’hui avec le train autonome...
Les enjeux sont multiples autour de ce programme. Nous poursuivons ainsi deux objectifs concomitants : améliorer la performance et augmenter la capacité des lignes existantes. En effet, le déploiement de systèmes automatiques nous permettra d’avoir davantage de trains qui circulent, une meilleure régularité, une exploitation plus flexible ainsi que des économies d’énergie, grâce à l’optimisation de la vitesse des trains.
À quel stade d’avancement vous situez-vous ?
Deux prototypes de trains autonomes, l’un pour le fret, le second pour les voyageurs, sont attendus pour 2023. De premiers prototypes de train conduit à distance ont été testés dès 2019 avec des usages visés comme les parcours techniques entre les centres de maintenance et les gares. Le projet conduit également des travaux techniques sur la détection des obstacles notamment. Tous ces projets sont menés avec des partenaires industriels et avec le soutien d’Instituts de Recherche Technologiques tels que Railenium ou System X.
Quelles sont les autres briques majeures du système ferroviaire du futur ?
Le train autonome sera au centre du système ferroviaire du futur que nous construisons avec nos homologues européens mais d’autres briques trouvent des applications de valeur comme la localisation des trains en continu qui permettra d’envisager une signalisation digitale et d’améliorer l’information voyageurs et l’exploitation. Nous étudions ce sujet avec des acteurs du spatial et de la Défense. Nous travaillons également à la communication des passages à niveaux avec les automobiles afin d’en améliorer la sécurité ou à l’amélioration des outils d’exploitation.
Le train du futur sera-t-il « zéro émission » ?
C’est notre engagement à l’horizon 2035.
"Les promesses du TER hybride ? Une réduction de 20 % de l’énergie consommée et des émissions de gaz à effet de serre et ce, sans pour autant changer le modèle d’exploitation."
Corinne Talotte, directrice du programme Tech4Rail
D’une manière plus générale, quelles sont les pistes d’amélioration sur le plan de la consommation énergétique ?
Tous nos efforts se concentrent sur le verdissement du ferroviaire, la performance de notre exploitation et le déploiement de solutions alternatives à la traction thermique pour les TER.
Comme le train à hydrogène ou le TER hybride…
Il n’existe pas de solution unique. Nous travaillons sur un portefeuille de technologies afin de proposer la solution la plus pertinente aux régions et aux territoires en fonction de leur besoin en mobilité. Actuellement, Tech4Rail se concentre sur 3 types de solutions avec le soutien d’industriels, des Régions et de l’État. Les promesses du TER hybride ? Une réduction de 20 % de l’énergie consommée et des émissions de gaz à effet de serre et ce, sans pour autant changer le modèle d’exploitation.
Par quel procédé technique ?
Sur des trains ayant 4 moteurs diesel, nous en retirons deux et les remplaçons par des batteries. Celles-ci récupèrent l’énergie du freinage et optimisent ainsi la consommation énergétique. Dès 2021, le 1er Régiolis hybride circulera en conditions réelles pour des tests, pour une mise en service dès l’année suivante. Mais il y a aussi le train hydrogène qui représente une alternative à terme pour le diesel. Sur ce sujet, les enjeux techniques sont très importants, car, pour déployer le train à hydrogène, nous devons pouvoir nous appuyer sur une infrastructure de distribution. Celle-ci doit pouvoir être mutualisée avec d’autres modes de transport, et notamment les bus. Il existe un autre champ de progrès essentiel, où l’on combine les innovations sur le matériel roulant et celles sur l’infrastructure dans le but d’obtenir une meilleure performance ainsi qu’une optimisation des coûts de fonctionnement. Par exemple, l’équipement des trains en batteries nous permet d’envisager une électrification partielle des lignes. Ce qui représente, in fine, des coûts d’investissements moindres.
Quels sont les autres grands projets en cours ?
Nous démarrons 2020 un important programme visant à développer un ferroviaire plus modulaire et plus frugal avec un premier cas d’application sur les lignes de desserte fines du territoire. La maturité des briques technologiques développées dans Tech4Rail nous permet d’imaginer un système ferroviaire design to cost et adapté aux lignes de moindre densité. Nous allons mener ce projet dans le même esprit en co-construisant des solutions avec des partenaires industriels et institutionnels et en les expérimentant sur le terrain.
Au-delà de la dimension technologique, l’humain n’a-t-il pas aussi un rôle essentiel à jouer ?
Nous devons clairement repenser le rôle de l’humain et des processus de décision dans des systèmes, qui seront demain, partiellement automatisés. Les dimensions cognitives et humaines sont le pendant indispensable de nos développements technologiques. Et puis, toutes ces innovations ne doivent pas perdre de vue l’essentiel : la simplicité d’utilisation pour les voyageurs. Et pour concilier ces deux dimensions, il faut dès aujourd’hui développer les expertises et les compétences qui seront nécessaires demain.
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Crédit photo en-tête de page : Alstom_Coradia Polyvalent pour Regiolis