Déploiement national de l’ETCS sur le réseau ferroviaire

La Belgique a finalisé l’installation de l’European Train Control System (ETCS) sur l’ensemble de ses lignes ferroviaires principales, soit 6 399 kilomètres de voies, marquant une étape structurante dans l’évolution de la sécurité et de la gestion du trafic ferroviaire.

Un programme issu d’un cadre de sécurité renforcé
Le déploiement de l’ETCS s’inscrit dans le « Masterplan ETCS » approuvé en 2011, à la suite de l’accident ferroviaire de Buizingen survenu en février 2010. Ce plan visait une augmentation progressive et durable du niveau de sécurité sur le réseau belge, en combinant des mesures organisationnelles et technologiques.

Sur le plan organisationnel, Infrabel a renforcé sa culture de sécurité par une révision approfondie des procédures d’exploitation, l’introduction systématique d’analyses de risques, l’analyse détaillée des incidents et des franchissements de signaux, ainsi qu’une coopération accrue avec les entreprises ferroviaires. En parallèle, une première étape technologique a été atteinte avec le déploiement accéléré du système TBL1+, finalisé en 2015, conçu pour assurer l’arrêt automatique des trains en cas de franchissement d’un signal fermé et compatible, au niveau des équipements en voie, avec l’ETCS.




Fonctionnement et apport technique de l’ETCS
L’ETCS agit comme un système de contrôle continu de la vitesse et du respect de la signalisation. Lorsqu’un train dépasse la vitesse autorisée ou ne respecte pas un signal, le système intervient automatiquement en réduisant la vitesse ou en déclenchant un freinage d’urgence. Cette interaction permanente entre l’infrastructure et le matériel roulant permet de limiter les conséquences d’erreurs humaines et de réduire significativement les risques de collision.

Les données d’exploitation confirment l’effet de ce dispositif sur la sécurité. En 2024, Infrabel a enregistré 51 franchissements de signaux, contre 104 en 2010. Grâce à l’intervention de l’ETCS, aucun de ces incidents n’a généré de risque de collision. Une fois l’ensemble du matériel roulant équipé, conformément à l’échéance fixée à décembre 2027 par arrêté royal, le risque résiduel sera divisé par 16 par rapport à 2010.

Un déploiement industriel à grande échelle
L’équipement complet des lignes principales a nécessité des travaux d’envergure. Au total, 11 144 signaux ont été adaptés, 48 398 balises ont été installées dans les voies et 658 antennes GSM-R ont été mises en place pour assurer les communications entre l’infrastructure et les trains. Plus d’un million d’itinéraires ont été testés afin de valider le fonctionnement de la nouvelle signalisation dans toutes les configurations d’exploitation.

Jusqu’à 1 500 collaborateurs d’Infrabel et de son bureau d’ingénierie TUC RAIL ont été mobilisés sur plusieurs années pour mener à bien ce programme, depuis la conception jusqu’aux essais en conditions réelles.




Investissement et positionnement européen
L’investissement total lié au « Masterplan ETCS » s’élève à environ 2,8 milliards d’euros actualisés, incluant près de 100 millions d’euros de cofinancement européen via le programme Connecting Europe Facility. Avec l’achèvement de ce programme, la Belgique devient, après le Luxembourg, le deuxième pays européen à équiper l’intégralité de son réseau principal en ETCS, et celui disposant du plus grand nombre de kilomètres de voies équipées. Les lignes à grande vitesse étaient déjà dotées de l’ETCS ou de systèmes équivalents dès leur mise en service.

Selon Benoît Gilson, CEO d’Infrabel, la combinaison de l’ETCS et de la numérisation des systèmes de gestion du trafic, opérés depuis dix centres de contrôle, constitue une base technique permettant d’atteindre un niveau élevé de sécurité et de fiabilité du réseau.

Interopérabilité et développement du trafic ferroviaire
L’ETCS est une norme européenne interopérable : un train équipé peut circuler sur toutes les lignes dotées du système, indépendamment de son pays d’origine. Cette harmonisation des systèmes de signalisation facilite le trafic international de voyageurs et de marchandises et contribue à une exploitation plus fluide des corridors européens de fret.

La Belgique, située au cœur de plusieurs axes logistiques majeurs, est traversée par trois corridors internationaux de fret ferroviaire reliant ports et pôles économiques européens. L’Union européenne impose que ces corridors soient équipés de l’ETCS au plus tard en 2030 afin de garantir leur performance et leur sécurité. En assurant dès à présent l’équipement complet de son réseau principal, la Belgique dispose d’une infrastructure compatible avec ces exigences et d’une base technique pour accompagner la croissance du trafic ferroviaire, tout en soutenant les objectifs de mobilité durable et de réduction de la consommation énergétique.

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