La forte dynamique de la demande ferroviaire s'est poursuivie en 2024
L'Autorité de régulation des transports (ART) publie ce jour les premiers chiffres 2024 des marchés ferroviaires de voyageurs et de fret en France, ainsi qu'une comparaison actualisée de la France par rapport aux autres pays européens.
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En 2024, le transport ferroviaire a connu en France un record de fréquentation, confirmant ainsi la dynamique forte constatée en France et en Europe en 2023. L'ouverture à la concurrence sur la ligne Paris-Lyon a eu des effets positifs notables sur l'offre et les prix, confirmés par les exemples espagnols et italiens en Europe ainsi que pour les trains régionaux. Ainsi, les taux d'occupation ont été très élevés pour les trains à grande vitesse et en augmentation pour les trains conventionnés. La qualité de service des trains s'est notablement améliorée, en l'absence de mouvements sociaux d'ampleur. En 2024, le transport de fret a également rebondi grâce à l'activité de transport combiné. Enfin, contrairement aux autres pays européens, la France a connu une diminution des investissements consacrée à l'infrastructure ferroviaire.
EN 2024, le transport ferroviaire de voyageurs a connu une dynamique accrue en Europe comme en France
La fréquentation des trains de voyageurs a de nouveau augmenté en France de 6 % en 2024, à la fois pour les trains à grande vitesse (+4 %) et pour les trains conventionnés TER et Intercités (+11 %). Ces derniers connaissent une dynamique particulièrement forte, marquée par une augmentation de 35 % de leur fréquentation depuis 2019, notamment pour les lignes TER de proximité (transports du quotidien). L'offre ayant augmenté, sur la période 2019-2024, deux fois moins rapidement que la fréquentation, les taux d'occupation s'établissent à des niveaux record, en moyenne de 51 % en 2024 et jusqu'à plus de 75 % pour les services à grande vitesse.
La fréquentation des trains conventionnés a fortement augmenté durant la période estivale, tant pour les services Transilien et RER en Île-de-France du fait de l'affluence au cours des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024 que pour les services TER et Intercités sous l'effet du Pass Rail.
En Europe, les premiers chiffres 2024 confirment également l'attractivité forte du mode ferroviaire, qui a dépassé de 9 % « en moyenne » sa fréquentation de 2019, avec une dynamique accrue en Espagne : le trafic y a dépassé de près d'un tiers son niveau de 2019, en grande partie sous l'effet du développement de la concurrence pour les services librement organisés.
En France, les effets positifs de la concurrence entre SNCF Voyageurs, Trenitalia et Renfe sont bien observés en 2024. La fréquentation a ainsi augmenté de près de 20 % sur l'axe Paris-Lyon, et de 30 % sur les liaisons France-Espagne depuis 2019, soit un rythme respectivement deux et trois fois supérieur à la moyenne nationale pour les liaisons à grande vitesse. Par ailleurs, les prix pour la liaison Paris-Lyon restent, en moyenne, inférieurs de plus de 10 % à leur niveau de 2019. Pour les services conventionnés, les premières attributions par appel d'offre (10 lots à mi-année 2025, sur près de 50 lots attendus) ont également montré des baisses substantielles attendues des coûts d'exploitation (à offre constante voire accrue) pour les nouvelles conventions.
L'année 2024 se caractérise par une amélioration notable de la régularité et ponctualité des trains, mais une nouvelle baisse de l'offre programmée de trains à grande vitesse
En 2024, le taux d'annulation de trains a connu un niveau historiquement faible du fait de l'absence, inédite depuis 7 ans, de mouvements sociaux d'ampleur. Cela a permis d'assurer une croissance de l'offre effective en dépit de la baisse, tendancielle depuis 2019, de l'offre programmée des services à grande vitesse.
La fréquence des dessertes effectives en gare des services librement organisés a progressé de 4 % en 2024 sans retrouver son niveau de 2017, et apparaît notamment en retrait marqué pour les gares intermédiaires sur le réseau LGV. Cette dynamique, engagée bien avant l'ouverture effective à la concurrence, s'observe alors même que la part de marché des nouveaux entrants reste inférieure à 2 % aujourd'hui.
La ponctualité des trains s'est également améliorée pour la plupart des services, conduisant à des taux de circulations effectives et ponctuelles dépassant 80 % pour tous les services conventionnés.
Le transport ferroviaire de fret rebondit en 2024, dans un contexte de restructuration
Après une année de forte baisse en 2023 en France comme en Europe, le transport de marchandises est reparti à la hausse du fait essentiellement d'une croissance de 20 % du marché du transport combiné, sous l'impulsion des opérateurs alternatifs. Cependant, le volume global de trafic reste inférieur à ses niveaux de 2021 et 2022. La mise en œuvre du plan de discontinuité visant Fret SNCF a conduit à une chute de plus de 20 % du trafic de ce dernier et à une reprise par des opérateurs alternatifs. La part de marché de l'opérateur historique (dont l'activité conservée en propre est opérée à compter de début 2025 par la nouvelle entité Hexafret) a ainsi diminué en un an de 6 points, pour s'établir à un niveau de 42 %.
Alors que les pays voisins investissent Pour leur infrastructure ferroviaire, la France APPARAÎT en retrait PAR RAPPORT À CETTE DYNAMIQUE
Contrairement à la France, les dépenses européennes dans les infrastructures ferroviaires ont connu, depuis 2019, une croissance forte, de 36 % en euros courants, supérieure à l'inflation (19 %). L'Allemagne, l'Italie et l'Espagne contribuent fortement à cette augmentation au travers de leurs investissements sur le réseau. Même si les investissements ont augmenté d'environ 12 % en France, cette évolution, inférieure à l'inflation (de +14,9 % entre 2019 et 2023), témoigne d'une baisse en termes réels.
Ainsi, si le déploiement du système européen de signalisation ERTMS reste très insuffisant en Europe (8 %) par rapport aux objectifs fixés, il stagne à un niveau deux fois moindre (4 %) en France.
Enfin, la France se différencie toujours par un niveau de péages élevé pour les services de voyageurs, tout particulièrement en ce qui concerne les services librement organisés. En 2023, la France percevait ainsi 28 % des péages ferroviaires européens pour seulement 12 % du réseau et les péages ferroviaires applicables aux services librement organisés (21 € par train.km) étaient trois fois supérieurs aux péages acquittés par les entreprises ferroviaires en Allemagne (7,2 €) et en Espagne (7,5 €), parmi les plus élevés d'Europe après la France. Cette situation illustre le choix opéré historiquement par la France de faire supporter une grande partie des coûts de l'infrastructure par ses utilisateurs.
Consulter :
Les premiers chiffres du Bilan ferroviaire-France 2024
Le Bilan France-Europe des marchés ferroviaires en 2023
Les tableaux de bord digitalisés sur le marché français du transport ferroviaire de voyageurs et de fret
Les jeux de données en open data
www.autorite-transports.fr