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Vers une connexion ferroviaire Oman-Méditerranée ?
C’est en tout cas le souhait des pays du Golfe qui voudraient ainsi créer une nouvelle route de commerce en bypassant la Mer Rouge et le canal de Suez.
Réaliste ? Certains travaux sont déjà engagés mais le projet prendrait dorénavant plus de consistance.
C’est l’un des principaux enseignements du méga-sommet organisé par New Delhi en septembre dernier. L’IMEC – India-Middle East-Europe Corridor, a pour objectif de réduire les délais de transport depuis les ports indiens vers les pays du Golfe, en utilisant la connectivité ferroviaire pour passer par l’Arabie Saoudite et atteindre Israël, puis l’Europe sans avoir à contourner la péninsule arabe.
Ces engagements internationaux ont été inscrits dans un protocole d’accord signé par le Royaume d’Arabie Saoudite, l’Union européenne, l’Inde, les Émirats arabes unis, la France, l’Allemagne, l’Italie et les États-Unis.
Au niveau géopolitique, il s’agit clairement d’une réponse aux Routes de la Soie chinoises
Au niveau géopolitique, il s’agit clairement d’une réponse aux Routes de la Soie chinoises et à la volonté de l’Inde et du Moyen-Orient de peser sur les grands flux mondiaux. L’Inde en particulier veut ainsi montrer qu’on devra compter avec elle. Et d’un autre côté le soutien des Etats-Unis et de l’Europe à ce projet est un signal très clair envers la Chine et la Russie.
Certains observateurs parlent plutôt d’une addition d’initiatives distinctes qui, mises en ensemble, peuvent en effet faire penser à un projet global. Cela concerne par ailleurs plusieurs pays du Golfe avec leur société ferroviaire respective. Or tous n’ont pas la même conception du commerce international et l’IMEC est une entreprise colossale semée d’embûches et de nombreux défis logistiques et financiers.
En pratique
L’IMEC est un réseau combiné maritime-terrestre qui contourne la route maritime existante via le canal de Suez : cela débute par des liaisons maritimes reliant l’ouest de l’Inde aux Émirats arabes unis, puis un réseau ferroviaire reliant les Émirats arabes unis, le Royaume d’Arabie saoudite, la Jordanie et Israël, et aboutissant au port de Haïfa, lequel serait relié vers plusieurs ports européens. Le tronçon de transport doit être complété par des câbles à fibres optiques et un pipeline d’hydrogène s’étendant sur le parcours de 5.000 km.
Le chemin de fer IMEC, achevé, aurait une longueur d’environ 2 915 km
Des trains en plein désert
Cinq ports de la région du Golfe seraient concernés : Fujairah, Jebel Ali et Abu Dhabi aux Émirats arabes unis ainsi que Dammam et Ras Al Khair en Arabie Saoudite. Cet ensemble portuaire serait relié par une dorsale ferroviaire qui comporterait à la fois des lignes déjà existantes et de nouveaux tronçons à construire.
Mais à l’intérieur des terres – ou du sable, dira-t-on -, des centaines de kilomètres de voies ferrées sont nécessaires… en plein désert. Le chemin de fer IMEC, achevé, reliant Fujairah à Haïfa, aurait une longueur d’environ 2 915 km. Sur ce total, 536 km seraient encore en construction et il y aurait des liaisons manquantes estimées à 559 km.
Une partie du réseau est déjà en service
Cette dorsale n’est en réalité pas une invention de l’IMEC mais d’une idée datant d’il y a une quinzaine d’années, quand les six membres du Conseil de coopération du Golfe annoncèrent leur intention de développer un réseau ferroviaire du Golfe de 1.940 km pour un coût estimé à 25 milliards de dollars, reliant principalement l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis avec des connexions vers Bahreïn et le Koweït, le Qatar et Oman.
C’est dans cette optique que les Émirats arabes unis ont créé leur entreprise ferroviaire publique Etihad Rail en 2009, afin de construire jusqu’à 1.200 km de chemin de fer reliant les sept émirats. De phases en phases, Etihad Rail annonçait fin 2023 que la construction de son réseau de 900 km était « achevée ».
En septembre 2022, deux entreprises nationales, Oman Rail et Etihad Rail, convenaient de créer une société à parts égales, Oman-Etihad Rail Co, pour concevoir, développer et exploiter un chemin de fer à trafic mixte reliant le port de Sohar au réseau en développement des Émirats arabes unis. Un accord de coopération était signé en février 2023.
Ce projet prévoit que les trains de voyageurs circuleraient à 200 km/h et offriraient un temps de trajet de 1 h 40 min sur un trajet de 303 km de Sohar à Abu Dhabi, tandis que les trains de marchandises circuleraient jusqu’à 120 km/h.
De son côté, Saudi Arabia Railways (SAR) – entreprise ferroviaire publique d’Arabie Saoudite, avait annoncé lors du dernier Innotrans son intention de passer d’environ 5.000 km à plus de 8.000 km, dont une partie appelée « Land Bridge », un projet est-ouest reliant le Golfe Persique à la Mer Rouge.
Auteur : Frédéric de Kemmeter
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