UNE STRUCTURE MOBILE GÉANTE POUR RENOUVELER 3 PORTIONS D’INFRASTRUCTURE FERROVIAIRE

Un mastodonte de 213m de long et de 2000 tonnes
Les travaux ont été lancés il y a quelques semaines à Signeulx (Musson) et à Straimont (Herbeumont), en bordure de la ligne (L165) qui relie Bertrix à Aubange. Ils le seront prochainement à Hondelange, cette fois entre Arlon et Athus (L167). Les équipes d’Infrabel ont tout d’abord dégagé un espace de travail – pour ce qui concerne Signeulx une ancienne cour à marchandises – en bordure des voies en service. Un ferraillage a été constitué… englouti depuis ce mercredi sous 500 à 600m³ de béton.

Au terme d’une phase de séchage du béton de plusieurs semaines, la dalle ainsi préconstruite, d’une épaisseur de 30cm pour une longueur de 213m (contre 173m pour son alter ego de Straimont et de 350m pour celle d’Hondelange), sera dotée de son infrastructure ferroviaire : une couche de ballast (cailloux) sur laquelle reposeront 2 voies et 2 nouveaux aiguillages. Lors d’une coupure exceptionnelle du trafic le week-end de Pentecôte, soit du 4 au 6 juin, l’ancienne infrastructure sera démontée avant que la dalle préconstruite prenne sa place… poussée sur une dizaine de mètres à l’aide de 6 vérins à même de mobiliser ce mastodonte de 2000 tonnes. Cette « translation » achevée, il restera, de façon très schématique, à opérer quelques soudures de part et d’autre pour connecter cette nouvelle portion aux voies existantes. Une technique semblable sera appliquée à Straimont au cours du même week-end. Elle sera répétée, mi-août, à Hondelange.

Améliorer la fluidité du trafic, et le service aux clients, sur un axe stratégique
L’objectif des chantiers de Signeulx et de Straimont est de poser deux aiguillages dans deux zones qui n’en comptaient pas. Ces éléments de l’infrastructure permettent aux trains de changer de voie afin, par exemple, de contourner un incident survenu devant eux. Ces nouveaux aiguillages amélioreront donc la fluidité du trafic sur cette portion de « l’Athus-Meuse », un axe stratégique pour le transport de marchandises entre Anvers et le sud de l’Europe.

L’avantage principal de recourir à une préfabrication sur une dalle mobile est la rapidité d’exécution. Une technique classique (démontage puis reconstruction des voies) occasionne des désagréments plus importants pour les clients d’Infrabel : une coupure totale du trafic, doublée de plusieurs semaines de perturbations en raison d’une circulation limitée à une seule des 2 voies.

Pour Infrabel, l’investissement – qui se monte à une moyenne d’environ 2,2 millions € par dalle – est sensiblement plus onéreux qu’une technique de travail classique mais les bénéfices sont doubles : un meilleur service aux clients du rail et une sécurité renforcée pour le personnel, vu le fait que le chantier se déroule loin des voies en service.

Une innovation récompensée sur la scène internationale
Mise au point par les ingénieurs d’Infrabel, la technique de la dalle mobile préconstruite le long des voies a été testée pour la première fois en septembre 2020 à Franière (Floreffe) lors du renouvellement d’une portion de près d’1km de voies et de 4 aiguillages sur la dorsale wallonne.

Cette innovation a été saluée sur la scène internationale. En avril 2021, les équipes d’Infrabel se sont en effet vues décerner un prix lors des « RailTech Innovation Awards ». Un jury européen, composé de professionnels et d’experts tant du secteur que de l’industrie ferroviaire, a récompensé cette réalisation made in Belgium inédite dans l’Europe du rail. Malheureusement, une telle innovation n’est pas transposable à tous les chantiers. Elle implique en effet de disposer d’un espace suffisant (et accessible pour l’acheminement des matériaux) en bordure immédiate des voies.

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