La conduite sans conducteur ne concerne pas seulement les métros

Alstom sur l'automatisation du rail et la chaîne logistique mondiale.

L'automatisation des chemins de fer pourrait-elle être le secret de l'élimination des casse-tête logistiques ?

En 2021, des titres alarmants comme "Pourquoi la crise de la chaîne de distribution pourrait gâcher vos achats de Noël" et "Attendez-vous à voir des enfants pleurer pendant les fêtes" ont mis en lumière la complexité et la vulnérabilité des chaînes d'approvisionnement mondiales. Chez Alstom, nous sommes cependant certains que les chemins de fer peuvent contribuer à relever les défis logistiques du monde et l'automatisation ferroviaire en est le moyen.

En évoquant la crise de la chaîne d'approvisionnement sur la côte ouest des États-Unis, le secrétaire américain aux transports, Pete Buttigieg, a déclaré : "Ces problèmes concernent l'ensemble de la chaîne, du navire au rayon. C'est pourquoi nous ne travaillons pas seulement avec les ports. Ce sont les transporteurs routiers, les compagnies ferroviaires, les opérateurs et les distributeurs qui sont à l'autre bout de ces chaînes d'approvisionnement." Bien que nous ne pouvons pas faire en sorte que les navires accostent plus rapidement ou qu'ils soient déchargés plus vite, l'automatisation de locomotives pourrait être une étape essentielle pour rendre les chaînes d'approvisionnement sur lesquelles nous comptons plus rapides, plus flexibles et plus fiables.

Des ports surchargés

Le premier endroit où l'automatisation ferroviaire peut être utile est dans les ports, lorsque les conteneurs arrivent. Le port américain de Los Angeles traite environ 20 % de toutes les marchandises des États-Unis. En 2019, il a accueilli environ 9,3 millions de conteneurs "TEU" (une taille de conteneur standard utilisée pour le fret routier et ferroviaire) et chacun de ces conteneurs doit être garé quelque part avant d'être chargé sur des trains ou des camions. Mais rien n'est plus facile à dire qu'à faire lorsque le port de Los Angeles est tellement à court d'espace qu'il a même commencé à imposer des amendes aux conteneurs qui restent trop longtemps sur place. En raison du manque de capacité de transport, de nombreux conteneurs sont déposés de manière désordonnée, ce que l'on appelle le stationnement croisé, ce qui empêche le déplacement d'autres conteneurs et complique encore davantage une chaîne d'approvisionnement déjà en difficulté.

L'automatisation à la rescousse

Les locomotives automatisées comme celles que nous développons dans des pays comme les Pays-Bas et la Belgique pourraient être la solution. Appelé " shunting ", le processus qui consiste à disposer les différents wagons de marchandises en trains complets est généralement effectué par des conducteurs, mais ce n'est pas une obligation. Nous travaillons à l'obtention du niveau d'automatisation 4 (GoA4), qui est le niveau le plus élevé d'automatisation ferroviaire et qui permettra aux locomotives d'effectuer elles-mêmes les trajets courts et les opérations de manœuvre.

C'est un travail en progression, mais les signes sont encourageants. En 2018, nous avons testé avec succès aux Pays-Bas une locomotive automatisée (GoA2) qui a fait le trajet entre le port de Rotterdam, le plus fréquenté d'Europe, et un terminal ferroviaire CUP Varlburg - sans conducteur.

Bernard Belvaux, directeur général d'Alstom pour le Benelux, déclare : "Ces tests permettront au système ferroviaire européen de bénéficier d'une augmentation de la capacité, d'une réduction de la consommation d'énergie et des coûts, tout en offrant une plus grande flexibilité opérationnelle et une meilleure ponctualité." En 2022, nous prévoyons de recommencer, mais en GoA4, ce qui signifie complètement sans surveillance - aucun personnel dans le train.

"Ces essais aideront le système ferroviaire européen à bénéficier d'une augmentation de la capacité, d'une réduction de la consommation d'énergie et des coûts, tout en offrant une plus grande flexibilité opérationnelle et une meilleure ponctualité."
Bernard Belvaux
Directeur général d'Alstom pour le Benelux

L'automatisation constitue une véritable solution

Ce niveau d'automatisation représente une réelle solution au problème de la chaîne d'approvisionnement mondiale actuelle, mais c'est aussi une solution plus générale à de nombreux problèmes auxquels le monde et les opérateurs sont confrontés. Dans les ports et les cours de marchandises, les locomotives automatisées peuvent effectuer un grand nombre de ces tâches qui ne nécessitent pas un conducteur humain. Par exemple, nous pouvons automatiser les trajets courts, subalternes ou répétitifs et, puisque les locomotives sont sans conducteur, il n'y a pas de problème à les faire attendre pendant des heures dans les froides nuits d'hiver sans faire de pause.

Mais le potentiel des locomotives automatiques va encore plus loin. Tout d'abord, l'automatisation peut contribuer à une tendance globale vers des transports plus durables. Étant donné que les transports sont responsables d'environ un quart des émissions mondiales de CO² et que les trains sont quatre à cinq fois plus efficaces sur le plan énergétique que les camions, les locomotives automatisées représentent un choix plus durable sur le plan environnemental.

Les trains équipés du système de commande automatique des trains peuvent également circuler à des intervalles plus rapprochés. Un espacement plus serré augmente la capacité de l'ensemble du réseau et réduit sa consommation d'énergie, car les trains fonctionnent de manière plus uniforme. L'exploitation automatisée peut donc constituer une valeur ajoutée pour aider les opérateurs à gérer un trafic croissant sans apporter de changements coûteux à l'infrastructure du réseau.

L'automatisation offre également plus de flexibilité

L'automatisation offre également plus de flexibilité. Une étude financée par l'Union Européenne et publiée en 2020 a montré que l'adoption de nouveaux systèmes de gestion des trains pourrait augmenter la capacité des réseaux ferroviaires existants jusqu'à 44%. L'automatisation peut également permettre aux opérateurs d'étendre le service à des zones reculées où les coûts d'embauche d'un conducteur, ou d'acheminement du conducteur sur place, rendent une telle expansion économiquement non viable.

Et avant que vous ne commenciez à vous inquiéter de voir les trains robotisés prendre tous nos emplois, le fait est que, dans de nombreux endroits, l'industrie ferroviaire est confrontée à une pénurie de conducteurs. Mais remplacer les humains par des machines n'est pas la question, ni l'objectif. Le rail aura toujours besoin d'une touche humaine ; l'automatisation ferroviaire doit être considérée comme un outil de soutien. À l'instar du pilote automatique des avions ou des caisses automatiques, l'automatisation est un moyen d'exploiter la puissance de la numérisation afin que nos homologues humains puissent se concentrer sur les tâches pour lesquelles les ordinateurs ne seront jamais bons.

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