La France et ses partenaires européens vont-ils construire de nouveaux trains de nuit ?

Les ministres des transports de l'Union Européenne (UE) se réunissent à Paris les 21 et 22 février

Une journée supplémentaire le 23 février sera consacrée à une conférence internationale sur le "Renouveau des trains de nuit". Cette rencontre européenne est une nouvelle occasion pour apporter des solutions face à la pénurie actuelle de voitures-lits et de voitures couchettes. Une action attendue est le lancement d'une commande commune ou a minima un apport de facilités de financement pour que les entreprises passent commande.

Le manque de matériel a été rappelé à plusieurs reprises. Le 13 décembre 2021 lors de l'inauguration des trains de nuit Paris-Lourdes et Paris-Strasbourg-Munich-Vienne, le ministre français des transports a annoncé un investissement de 800 millions d'euros pour construire 300 voitures. Cette commande est toujours en attente de confirmation. Précédemment, le 21 mai 2021 le rapport gouvernemental « TET » a lui aussi montré la pertinence de construire 600 voitures aussi bien pour les trains de nuit nationaux que pour les trains de nuit européens au départ de la France.

Actuellement 1500 voitures sont en service en Europe. La plupart sont assez âgées. Le collectif Oui au train de nuit a montré la pertinence d'investir pour constituer un parc de 5000 à 10 000 voitures afin de créer 350 lignes régulières à travers le continent. Un tel réseau aurait un potentiel pour transporter jusqu'à 100 millions de passagers par an, soit l'équivalent de 9 % du trafic aérien réalisé en 2019 au départ de l'Europe. Cela permettra de couvrir la majorité des destinations les plus fréquentées pour offrir à un passager aérien sur deux la possibilité de voyager en se reportant sur le train de nuit, s'il le souhaite.

La montée en puissance de cette mobilité a déjà été observée avant la pandémie avec une croissance à deux chiffres au départ de la Suisse, de l'Autriche ou de la Suède, mais elle butte sur le manque de matériel.

Concevoir et construire un nouveau matériel demande de 4 à 6 ans. Il y a donc urgence à lancer la commande sans délai supplémentaire. La décennie 2010 a été une décennie perdue pour les trains de nuit, au moment même où le renouvellement du parc devenait urgent. Depuis 2020, les arbitrages interministériels sont attendus pour enfin relancer l'activité, et ils tardent en longueur. Par exemple, le rapport TET a été publié avec près d'un an de retard. Par contraste, en 2020, des aides représentant plusieurs milliards d'euros ont été offertes dans des délais très courts aux secteurs automobile et aérien. Au final, le ministère des finances favorise-t-il les mobilités plus polluantes ?

Alors que le prix de l'énergie augmente les Européens ont besoin de mobilités moins énergivores, y compris pour les longues distances et pour tous les territoires, même les plus excentrés. Le train de nuit est une mobilité unique qui répond à ces enjeux. Dans ce contexte, les gouvernements et l'UE se donneront-ils les moyens de construire un parc conséquent pouvant inclure jusqu'à 10 000 voitures ? Il s'agit de mettre sur les rails la future génération de trains de nuit qui connectera l'Europe de manière bas-carbone et peu énergivore.

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