lerail.com
01
'20
Written on Modified on
MEDIAWORLD
SNCF: quand des cheminots abandonnent leur statut pour une augmentation de salaire
Le statut des cheminots fait des envieux. Pourtant les salaires sont plus bas que dans le privé. Pour conserver certains profils techniques, la SNCF leur propose de démissionner et de leur faire signer un nouveau contrat mieux payé.
Emploi à vie, retraite généreuse, des soins médicaux pris en charge, le statut des cheminots est connu pour offrir de nombreux avantages. Pourtant, certains choisissent de le quitter pour une meilleure rémunération. Mais ils n'ont pas besoin d'aller à la concurrence pour cela, c'est la SNCF qui leur demande de démissionner pour les réembaucher dans la foulée avec un meilleur salaire, selon des informations du Parisien.Car certains métiers techniques, dans la maintenance, sont très recherchés dans le privé. Les cheminots sont assurés d'y trouver une rémunération plus confortable.
"La direction subit une vague de démissions dans certains technicentres où sont entretenus les TGV. Pour ne pas perdre ces compétences, elle propose au cheminot de démissionner, de perdre son statut et d’être réembauché sous un contrat de droit privé en échange d’une augmentation de salaire", témoigne une source interne au quotidien.
Un phénomène résiduel selon la direction
Les rémunérations des agents SNCF sont en effet régies par des grilles de rémunérations, qui au fil des années, prévoit une revalorisation des salaires. Mais impossible pour la SNCF d'y déroger, même quand le cheminot excelle dans son domaine et mériterait une gratification. Voilà pourquoi les RH ont trouvé cette combine. Les augmentations accordées aux nouveaux venus qui abandonnent leur statut de cheminot ne sont pas connues.
Des cadres en interne confirment que cette pratique se développe depuis l’automne 2019. La direction confirme, mais assure que "ce phénomène est plus que résiduel ".
Selon les syndicats, au moins une dizaine de cas ont été enregistrés sur les technicentres du Landy et de l’Est européen, en Seine-Saint-Denis. Cette pratique les inquiètent.
"Comme par hasard, elle intervient six mois après la suppression de l’embauche au statut. Nous avons peur que la direction n’accélère la fin du statut", témoigne Fabien Villedieu, délégué SUD-Rail.
Une transformation qui risque de grever les comptes de la SNCF. Parmi ses 140.000 salariés, 125.000 sont au statut cheminot et 15.000 sont contractuels. Or, seuls les premiers financent les 300.000 cheminots à la retraite. L'Etat est obligé de verser chaque année 3 milliards d'euros pour combler ce déficit.
Mais cette pratique met aussi en lumière la grille de salaire dépassée qui est appliquée au sein de l'entreprise ferroviaire.
"On a vendu à l’opinion que les cheminots étaient trop bien rémunérés. Mais, dans les faits, nous sommes sous-payés par rapport au marché", soutient Fabien Villedieu.
La grève contre la réforme des retraites et la pandémie n'ont pas permis de mener les négociations salariales prévues l’année dernière. "Il faut qu’elles aient lieu, conclut le syndicaliste. Sinon deux rémunérations vont cohabiter."
www.bfmtv.com