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Des trains espagnols pour la France ? Le site de Reichschoffen d'Alstom menacé, alerte le PDG Henri Poupart-Lafarge
Face à la perspective de voir la SNCF et l'Etat français choisir le constructeur espagnol CAF pour fabriquer plus de 100 trains intercités de la SNCF, le PDG d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge, explique à La Tribune les menaces que ferait peser un tel choix sur l'usine alsacienne de Reichschoffen et ses plus de 800 emplois. Les syndicats d'Alstom ont interpellé le gouvernement à ce sujet.
Bis repetita.Trois ans après le sauvetage du site d'Alstom de Belfort, le constructeur ferroviaire français monte au créneau pour dénoncer la menace qui plane sur l'avenir de l'usine alsacienne de Reichschoffen et ses plus de 800 salariés en cas de perte du mégacontrat des trains intercités. Passée par la SNCF pour le compte de l'Etat, cette commande porte avec les options sur plus de 100 trains.Mi-août, la lettre spécialisée Mobilettre indiquait que la victoire semblait promise au constructeur ferroviaire espagnol CAF. Selon nos informations, le dossier devrait être examiné lors d'un conseil d'administration de la SNCF prévu d'ici à fin septembre. Face à la perspective de voir Alstom écarté, les syndicats du constructeur ont interpellé ce mardi le gouvernement en envoyant un courrier à Elisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique et solidaire qui chapeaute les transports. Dans un entretien exclusif à La Tribune, le PDG d'Alstom, Henry Poupart-Lafarge, tire lui aussi la sonnette d'alarme.
« Cette commande de trains Intercités représente, avec les options, dix années d'activité pour le site de Reichshoffen et l'ensemble des sites français qui fabriquent les composants. L'offre d'Alstom est à la fois complète, compétitive et répond aux plus hauts standards technologiques. Sans cette commande, la charge du site serait durablement affectée, avec des conséquences en termes d'emploi. Je comprends les inquiétudes exprimées par les partenaires sociaux. Si l'Etat décidait de commander des trains fabriqués en Espagne, ce serait son choix, mais cela enverrait un message très fort de défiance envers la filière ferroviaire française qui serait de facto affaiblie, avec un impact mécanique sur l'emploi en France », fait-il valoir.
"Un coup fatal"
Pour les syndicats d'Alstom "si elle se confirmait, l'attribution du marché à notre concurrent espagnol risquerait de porter un coup fatal à l'avenir des sites fragilisés de Reichshoffen et Belfort ainsi qu'à la filière ferroviaire en Alsace et en Bourgogne-Franche-Comté", ajoute l'intersyndicale.
Selon nos informations, le site de Reichschoffen est celui qui a le moins de visibilité en France. Il a aujourd'hui de l'activité jusqu'en 2021-2022.
Dans leur courrier adressé à Elisabeth Borne, les syndicats mettent l'accent sur l'impact négatif de l'offre espagnole pour l'emploi français. "CAF propose uniquement l'assemblage final des trains sur le territoire national dans son seul site français qui emploie une centaine de salariés" à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), quand, "l'offre d'Alstom s'appuie sur l'excellence de ses métiers et de ses compétences à travers huit de ses sites", avec des retombées en termes d'emplois en France pour Alstom allant "jusqu'à 700 personnes en fonction du produit retenu, dont 200 ingénieurs et plusieurs centaines d'emplois chez les fournisseurs", indiquent les syndicats.
Budget prévisonnel de 800 millions d'euros
L'appel d'offres, lancé fin 2016 par la SNCF pour le compte de l'Etat, porte sur le matériel roulant des trains d'équilibre du territoire (TET, Intercités) Paris-Toulouse et Paris-Clermont, soit 28 rames auxquelles s'ajouteront éventuellement 75 rames en option, dont 15 pour équiper la transversale Bordeaux-Toulouse-Marseille.
Le budget prévisionnel pour la tranche ferme a été fixé à 800 millions d'euros, en incluant les centres de maintenance.
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