Suspension de la technologie à hydrogène dans le ferroviaire
Mauvaises nouvelles pour l’hydrogène : Alstom a officiellement annoncé la suspension du développement de ses trains avec cette technologie.

La décision intervient après que l’État français ait mis fin aux subventions destinées à soutenir ces projets — notamment ceux liés au programme européen IPCEI Hy2Tech. En conséquence, la filiale « Alstom Hydrogène » est mise en pause. Les employés concernés seront redéployés vers d’autres activités au sein du groupe.
Concrètement, Alstom continuera à livrer les trains à hydrogène déjà commandés en France, en Italie ou en Allemagne, mais n’engagera plus de nouveaux développements dans l’immédiat. Le PDG d’Alstom a reconnu que « la technologie de l’hydrogène n’est pas encore tout à fait au point », soulignant des progrès insuffisants des performances des piles à combustible. Ce retrait d’Alstom s’ajoute à d’autres reculades notables. En Allemagne, un important exploitant régional, RMV, avait déjà entamé un retour au diesel l’an dernier, remplaçant ses rames hydrogène par des unités diesel — invoquant des problèmes de fiabilité technique des trains à hydrogène. Dans la région de Hesse, les 16 trains hydrogène initialement prévus pour la ligne Bad Homburg–Brandoberndorf ont été remplacés début 2025 par des trains Lint 41 diesel.
Plus largement, d’autres autorités ont renoncé à l’idée de recourir à l’hydrogène. C’est le cas de la province néerlandaise Groningue, qui a officiellement abandonné ses plans pour des trains H2 et préfère aujourd’hui des trains électriques à batterie pour décarboner ses lignes non-électrifiées.
Cet arrêt brutal interroge l’avenir de l’hydrogène dans le ferroviaire. Si la promesse d’une alternative « zéro émission » au diesel demeurait séduisante, les difficultés techniques, les incertitudes sur l’approvisionnement en hydrogène, le coût de l’infrastructure, et surtout l’arrêt des aides publiques freinent désormais la poursuite des projets. En retirant le soutien public, les États et les opérateurs réévaluent la rentabilité à long terme et la compétitivité des solutions hydrogène face aux trains électriques ou à batterie. Il faut cependant reconnaître que les trains à hydrogène furent une initiative des constructeurs eux-mêmes, avec peu d’enthousiasme des opérateurs, en particulier publics mais aussi privés. Ce futur fût créé en surfant sur la vague hydrogène qui se répandit dans toute l’Europe – avec des tonnes de subventions à la clé -, sans savoir si cela tenait la route au niveau du ferroviaire, tout particulièrement au niveau de la production de l’hydrogène, terriblement énergivore.
Si certains marchés — en Italie ou ailleurs — et projets de trains hydrogène subsistent, la vague d’enthousiasme pour le rail semble donc clairement retombée. Il est probable que les efforts porteront maintenant davantage sur les trains à batteries, où l’on observe de notables progrès.
Auteur: Frédéric de Kemmeter
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